Comment obtenir qu’un adolescent ne laisse pas traîner ses affaires partout, ne passe pas des heures sur son ordinateur, prévienne quand il rentre tard du lycée ou ne se couche pas régulièrement à trois heures du matin, sans être en permanence sur son dos ? Un casse-tête chinois pour les parents !
Nos enfants supportent de moins en moins la critique et les injonctions. Ils pensent qu’on ne comprend pas, qu’on est déphasé.
Exercer son autorité sur un adolescent n’est pas facile. « C’est le motif le plus fréquent des plaintes et des questions des parents, observe le pédopsychiatre Stéphane Clerget, auteur d’un Guide de l’ado à l’usage des parents : comment se faire obéir ?
L’autorité ne va plus de soi, se partage désormais entre le père et la mère, se nourrit de négociations permanentes. Les parents ne savent plus comment poser des limites ou n’osent pas le faire. Ils se sentent encore plus démunis face à des adolescents qui font vaciller leurs certitudes.
« Les comportements d’opposition qu’ils avaient à 3-4 ans ressurgissent à la puberté, rappelle Stéphane Clerget. Ils remettent en question le sens des règles, des lois, et la légitimité des parents face aux demandes de liberté qu’ils expriment. Ou font preuve d’une certaine indolence, d’une résistance passive, qui correspond à ce même désir d’émancipation, à cette volonté d’être regardé autrement que comme un enfant. »
Les parents sont souvent déstabilisés face à leur enfant qui se transforme physiquement et moralement.
Il faut leur laisser de plus en plus de liberté, au fur et à mesure qu’ils vous donnent des preuves de leur maturité grandissante. Il faut leur reconnaitre de nouveaux droits. Rappelez-vous que l’autorité c’est d’abord autoriser. Ne pas surprotéger les enfants.
Il est nécessaire aussi de les laisser respirer un peu. « Les parents sont paradoxalement à la fois absents et trop sur leur dos le reste du temps, poursuit le pédopsychiatre. Les relations ont tendance à devenir trop fusionnelles. Ce qui peut susciter des conflits, car les ados ont besoin de se décoller de leurs parents », rappelle-t-il.
Mais trouver la bonne distance n’est pas toujours facile. Comme il n’est pas facile de trouver la juste autorité : être souple sans être laxiste, éviter les pièges de l’autoritarisme. Selon Daniel Marcelli. « Plus les parents confondent autorité et pouvoir, plus l’adolescent va chercher à les pousser à bout et les provoquer. L’adolescent a le génie d’imposer ses positions à ses parents, quand il est mené par le bout du nez ou au contraire trop gâté. »
La plupart des parents ont du mal à user de leur autorité sur leurs enfants, parce qu’ils sont dépendant de l’amour de leurs enfants, ils ont peur de ne pas être aimés, observe Stéphane Clerget.
La « bonne » autorité est celle qui contient l’adolescent, le protège, le rassure. Il est indispensable qu’il soit capable de se fixer lui-même des limites, parce qu’il a intériorisé certains interdits. C’est la résultante de la façon dont il a été élevé enfant. Pour pouvoir contrôler ses pulsions pubertaires, il faut avoir été confronté à la frustration, mais aussi à des adultes capables de se frustrer eux-mêmes. »
Définir certaines règles de vie
Aujourd’hui, nos enfants ont tellement la liberté de parole qu’ils s’en servent à tort et à travers. Tellement il est habitué à revendiquer, à discuter…
Il vaut mieux donc définir certaines règles de vie pour que tout ne soit pas en permanence sujet à discussion et de les réajuster régulièrement en fonction de l’âge et des besoins de l’adolescent : l’argent de poche, les tâches à accomplir, le rythme des sorties, les heures de coucher…
Et si l’adolescent continue à provoquer ses parents, ils sont en droit de prendre des « sanctions », à condition qu’elles ne soient pas prises sous l’impulsion de la colère. Car quand on est en colère, on a envie de faire mal à l’autre. Elles doivent être par ailleurs limitées dans l’espace et le temps : supprimer une sortie ou l’utilisation de l’ordinateur pendant 48 heures par exemple. Mais priver de foot un jeune qui est passionné, c’est du sadisme ».
Stéphane Clerget insiste également sur la nécessité d’être convaincu soi-même du bien-fondé et du sens des limites qu’on impose. Et de relativiser les sources de conflits qui se cristallisent trop souvent autour du travail scolaire.
Certes, éduquer un adolescent est un art d’équilibriste. C’est à la fois une question de savoir-faire, mais aussi de volonté de bien faire. Autant que les comportements, c’est l’intention qui compte. La bonne nouvelle, c’est que, les enfants, comme les adolescents, sentent très bien quand leurs parents agissent pour leur bien. Alors foncez !
Micheline SAME
Inspiré d’un article de Stéphane CLERGET,
Le guide des ados à l’usage des parents.
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