C’est bien connu, l’adolescence est un entre-deux. C’est la période de la vie qui marque la transition entre l’enfance et l’âge adulte. A cette période, nos ados sont donc des apprenti- adultes. C’est un temps de transformation qui a toujours existé, mais dont la durée s’est allongée à mesure que l’espérance de vie augmente. Aujourd’hui il débute avec les premiers signes de la puberté, vers 10 ans pour les plus précoces, pour s’achever entre 18 et 25 ans. C’est une période d’instabilité émotionnelle, qui se traduit souvent par des troubles de l’image corporelle. Et l’un d’eux c’est le tatouage. Comment donc aider mon adolescent qui veut se faire tatouer ?
C’EST QUOI LE TATOUAGE ?
Le tatouage est une technique de marquage corporel qui consiste à se faire des dessins sur la peau. Avec le temps, c’est devenu un réel phénomène de mode chez les adolescents et les jeunes adultes. Il en existe de formes, de tailles et de couleurs variées. Les ados le font sur les parties visibles ou non du corps, et sur des parties de plus en plus osées. C’est aussi pour eux un moyen d’expression, un moyen d’émancipation, de rejet de l’ordre établi.
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POURQUOI VEULENT-ILS SE FAIRE TATOUER ?
A cet âge, l’apprenti adulte va faire tout ce qu’il peut pour quitter l’enfance et migrer vers l’adulte. En fait il va poser des actes qui à son sens vont le définir comme un adulte. L’un des moyens qu’il aura trouvé sera le tatouage. C’est pour lui un moyen de s’assurer la permanence de son corps, il veut personnaliser son corps, pour se créer une identité qui lui est propre. Il cherche inconsciemment à avoir la maitrise de ce nouveau corps qui lui échappe. En même temps, il veut montrer à ses parents et au monde qu’il est le propriétaire de son corps, qui ne vous appartient plus comme quand il était enfant (c’est vous qui décidiez si vous le laviez, si vous l’habilliez, comment vous l’habilliez, si vous le nourrissiez…).
Quelques fois c’est pour s’identifier à une star dont il idéalise la vie.
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Le tatouage est aussi le moyen pour l’ado de marquer les épreuves qu’il a le sentiment de vivre au quotidien, de donner corps aux émotions qu’il ressent au plus profond de lui. Ça représente aussi une sorte d’auto-flagellation, qu’il s’inflige, face à ses comportements vécus comme transgressifs. Ces marques sur son corps sont aussi perçues par lui comme des trophées obtenus à causes des comportements à risques dont il a triomphés.
Quelques fois, ces marques sont le symbole de l’appartenance à un clan, un groupe d’amis de sa génération.
Chez nous en Afrique, dans les sociétés traditionnelles, il s’agissait aussi de rites d’initiation, pour exprimer la naissance d’une nouvelle identité, d’une nouvelle personne : un adulte accompli.
C’est pareil, en Occident autrefois, les jeunes qui allaient à l’aventure ou qui s’engageaient dans l’armée se tatouaient pour marquer ce moment décisif de leur vie et le lien indélébile qui les lierait désormais les uns aux autres, même s’ils ne seraient plus en contact, un peu comme un pacte de sang, qui les lierait à jamais.
C’est enfin le signe qu’un ado n’arrive pas à se décoller de ses parents dans sa tête, à s’émanciper sans douleur, c’est l’expression d’un manque de confiance en soi ; il est donc obligé de prendre appui sur ces techniques, comme des béquilles psychologiques.
COMMENT LES AIDER ?
Comprendre qu’il s’agit au fond d’un manque de confiance en soi, d’un trouble de l’image corporelle, et le rassurer, par des conversations à « cœur à cœur », des sorties en duo, des débats dans lesquels vous lui permettez de s’exprimer librement sans risque d’être rabroué.
Intéressez-vous à lui, à son univers, à sa vie. Faites-lui sentir qu’il est important, et vous verrez que son attitude « jusqu’au-boutiste » va changer.
S’il est cramponné à son idée, faites-le réfléchir aux conséquences de son acte. : Les risques d’infections bactériennes et virales, de la possibilité d’allergies, des cicatrices, du caractère définitif, le regard de la société qui voit encore mal quelqu’un au corps tatoués (dans certains corps de métier, le tatouage est encore perçu comme signe de manque de sérieux), les mentalités évoluant au fil des années, il peut arriver qu’il n’en veuille plus.
Vous pouvez aussi lui expliquer que le tatouage n’est pas naturel, c’est un rajout des humains. Ce qui est naturel, c’est un corps non tatoué.
S’il insiste toujours, vous assumerez votre rôle de parent (c’est indispensable s’il est encore mineur) pour estimer si vous pouvez lui permettre un tatouage lavable pour quelques temps, comme la teinture au henné, ou être strict en le lui interdisant formellement.
N’oubliez jamais que votre ado vous modélise, vous êtes son premier référent. Inconsciemment ou non il veut vous ressembler. C’est vous la base de ce qu’il veut faire et être, c’est là-dessus que se bâtira sa personnalité, ses goûts, son être.
Donc ce que vous dites et plus encore, ce que vous faites est très important pour la construction de votre ado. Comment vous habillez-vous ? Comment vous coiffez-vous ? Quels commentaires faites-vous (que ce soit devant lui ou non) lorsque vous voyez quelqu’un qui est tatoué ? Il ressent votre approbation ou non.
La leçon : son corps lui appartient, mais vous en êtes encore le gardien.
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Appliquez et j’attends vos commentaires.
A bientôt.
Micheline SAME